24 avril 2007

Petite analyse de la géographie du scrutin présidentiel.

Quelques cartes pour comprendre les résultats de ce premier tour de l'élection présidentielle.


Celle du vote pour François Bayrou pour commencer (réalisée par Le Monde) montre l'importance du vote en faveur du candidat centriste en Bretagne, en Alsace, en Savoie , dans le sud du Massif Central et l'ouest des Pyrénées. Cette carte coincide quasiment (à l'exception du Nord) avec la carte de la pratique catholique établie en 1965 par le chanoine Boulard (réalisée par l'hebdomadaire La Vie). Certes, la pratique du catholicisme a depuis évolué, mais elle montre la permanence d'un vote disons démocrate-chrétien, autrefois MRP, aujourd'hui UDF.



Deuxième carte, celle du vote dans la capitale, en rose, les arrondissements où Ségolène Royal arrive en tête, en bleu ceux où Nicolas Sarkozy est premier. Là aussi, on constate une forte permanence de la division politique de la capitale qui recoupe une division sociologique depuis les travaux du Baron Haussmann au XIXème siècle. Plus de détails ici.


Autre constat, la progression du vote pour la droite et son candidat dans les régions où le Front National recule le plus (PACA, Rhönes-Alpes, Alsace notamment). Le profil nettement plus à droite que Jacques Chirac de Nicolas Sarkozy explique sans doute cette évolution. Un exemple qui porte sur le regard historique du candidat de l'UMP : la lettre adressée aux associations de rapatriés d'Algérie, remettant en question le travail des historiens Algériens et Français au profit d'une vision nostalgique de la colonisation destinée à capter les voix d'électeurs d'extrême droite dans les départements comptant un nombre important de rapatriés (Alpes-Maritimes, Var, Hérault); En apprendre plus sur ce point sur le site de la Ligue des Droits de l'Homme de Toulon.

Voici enfin un extrait d'un article géographe Jacques Lévy sur l'analyse géographique du scrutin expliquant la coupure entre une France de l'Est plutôt à droite et une France de l'Ouest ayant voté à gauche plus fortement que la moyenne [carte publiée dans Le Monde]:

« Royal a incontestablement progressé dans la France soft : celle de l'Ouest, qui n'a pas connu l'ère industrielle, celle des grandes villes qui valorise tranquillement les technologies de l'immatériel et l'exposition à l'altérité.(…)

Il n'est pas sans signification que la fin de la parenthèse industrielle réunisse ceux qui ne l'ont pas subie [l’Ouest] et ceux qui s'en sont bien sortis et qui sont porteurs d'une vision plus coopérative que conflictuelle de l'action en société, les anciens ruraux et les nouveaux urbains. La plus grande mutation, entamée depuis une quinzaine d'années et confirmée dimanche, se trouve justement là. La gauche s'est bien installée dans les centres des grandes villes. Royal y est souvent en tête, et pratiquement toujours au-dessus de sa moyenne nationale. »


Quelques liens pour prolonger ces quelques remarques :

- Sur ce blog, les résultats des élections présidentielles depuis 1965
- Un site sur les voyages présidentiels en France aux XIXème et XXème siècles


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